C'est le coeur lourd cette nuit que la jeune lunaire est revenue au Manoir, lors que tout était endormi.
C'est avec cette fichue boule au ventre qu'elle est venue chercher ce qu'il restait de ses effets personnels dans son ancienne chambre.
Elle craignait de la croiser, Elle, "sa Nyme" comme elle se plaisait à la nommer. De devoir lui annoncer cette triste nouvelle..
Pour la première fois de sa vie, elle préfère s'abandonner à la lâcheté.
Surtout se dépêcher, ne pas perdre de temps, ne pas faire de bruit.
Mais c'était sans compter sur la vigilance de Vivielle qui ne dormait pas malgrès l'heure tardive, et alors qu'elles se croisent dans le hall, dans ce décor lourd et feutré, aucun mot.. Juste un échange de regard, l'Elezen devine dans les yeux rougis de Fawn ce qu'il est entrain de se passer..
La Lunaire pose un index griffu sur ses lèvres, la mine affligée.. Elle reste la, sans bouger durant quelques longues secondes.. Préfère penser que Vivielle saura plus trouver les mots que elle.. Elle se décharge honteusement de cette formalité, ouvre la porte, jette un dernier coup d’œil en arrière, balaye les alentours comme pour s'imprégner des lieux avant de s'engouffrer à l'extérieur.
La battisse est sombre, et en impose.. Tant de souvenirs ici, le déménagement, les uns et les autres qui ont fait d'Aura ce qu'elle est.. Et puis "lui"..
Lui, qui a changé sa vie, tant de promesses de bonheur, pour finalement l'abandonner..
Les questions, les doutes ont finit de la ronger, partout ou son regard se porte, c'est a lui qu'elle pense..
Un sentiment amère mêlé de tristesse, de colère et de frustration vient poindre au creux de sa gorge, elle se cuirasse l'esprit et quitte le domaine d'un pas décidé vers sa maison situé à quelques mètres de la.
Fawn y récupérera quelques affaires qu'elle enfilera à la hâte dans son barda.. Cette maison que Nyme leur a généreusement offert devait être leur foyer, ici elle voyait déjà les petits lunaires de sa future portée arpenter les tapis, elle entendait les rires résonner entre ses murs.
Elle refoule une nouvelle fois cette mélancolie, referme son lourd sac de voyage, éteint lumière et flammes encore en activité, et laisse le temps s’arrêter en passant la porte et la verrouillant.
Chemin faisant, elle fera néanmoins un détour vers la petite maison qui accueillait la Compagnie toute entière avant leur déménagement.. Bon sang ce qu'ils y étaient serrés, pensent-elle avec un léger sourire aux lèvres, mais ils n'ont jamais autant ressembler à une famille qu'a cette époque..
Les taquineries avec Harald, sous l’œil suspicieux d'Aetheline, les batailles de boules de neige avec Mika dans le jardin, les longues discussions au coin du feu aux cotés de Nymelia et de Valemont, l'arrivée de Tristan et de Margotoise, les repas, les sorties, les missions, leur rencontre..
Tout défile dans sa tete comme si c'était encore hier..
Elle essuie ses yeux, puis se dirige vers l'éthèrite sans plus se retourner..